Assez de faux-culs ! Assez d'annexions de l'histoire...

Publié le par pikkendorff

Hier, Jean-Marie Le Pen était à Valmy pour tenter de récupérer l'idée de nation née de la révolution de 89... On peut penser ce que l'on veut des idées de cet homme et, personnellement, je ne fais pas partie de sa famille politique... J'ai certes été un peu surpris de ce choix, pensant qu'il avait quelque chose de pathétique dans son souci de montrer patte blanche, alors que je suis persuadé qu'il a plus de sympathie pour les batailles de l'Empire que pour cette armée de gueux, mais je n'ai pas été choqué outre mesure de cette péripétie de campagne électorale... elle a au moins le mérite de rappeler, sinon de faire connaître un épisode de l'histoire de la France ! Et puis, c'est une prérogative de la liberté inscrite sur toutes nos piéces de monnaie et au fronton de nos mairies !

Mais les bonnes consciences veillent... Faisant leur cette phrase de Saint-Just en forme de paradoxe : "pas de liberté pour les ennemis de la liberté" tous nos modernes dévôts des droits de l'homme, journalistes suffisants qui se croient la conscience et font métier de penser à la place de tout un chacun, politicards véreux englués dans les tripatouillages s'en sont donnés à coeur joie de leur sarcasmes méprisants... Les jeunes socialistes sont même allés sur place pour manifester, outre leur mépris, leur refus de voir utiliser un symbole de la révolution dont bien sûr ils seraient les seuls héritiers légitimes et les seuls garants en contestant le fait que Monsieur Le Pen puisse lancer sa campagne électorale dans ce lieu historique...

A ce point de mon article, je tiens à donner une précision : il n'est pas question pour moi de débattre ici de politique. Peu m'importe les campagnes des paris et je renvoie dos à dos les socialistes et le Front National ! Non, mon propos se borne à être choqué par la malhonnéteté intellectuelle, par la façon de tordre l'histoire au profit d'une cause. Il est vrai que la république nous y a habitué avec ses programmes d'histoire revus et corrigés par ses historiens zélateurs, au premier rang desquels, Jules Michelet qui a commencé à réécrire une histoire partiale à la gloire de la seule république...

Mais revenons à nos glorieux socialistes, seuls dignes héritiers de la révolution de 1789... Le malheur est que le même jour, ils tenaient à Nantes leur journée parlementaire... Et je me demande si leur place était bien là, dans cette ville, à ces bons apotres héritiers de la révolution. Car bien sûr, si on commence à trier dans l'héritage, cela fait désordre... Or, Nantes a connu au cours de la révolution un épisode, mal connu des français car tu le plus souvent par nos chers enseignants syndiqués...

En vendémiaire de l'an deux (1793) un de ces purs et durs révolutionnaires, de ceux qui ont voté la mort du Roi, arriva à Nantes, commis par la Convention pour réprimer l'insurrection. Il s'agit de Jean- Baptiste CARRIER.  Et il n'y va pas avec le dos de la cuiller ! Au début, un tribunal révolutionnaire (à la justice si expéditive que l'on s'étonne que Gilles Perrault, pourtant si critique des institutions judiciaires, ne se  soit pas avisé d'écrire un livre) envoie quantités de gens à la guillotine... mais cela reste insuffisant pour cet homme et il crée des corps spéciaux, notamment les hussards américains, composés d'esclaves de Saint-Domingue d'une horrible cruauté. Mais cela n'est pas encore assez expéditif ! Le tribunal révolutionnaire est trés vite suspendu et les prisonniers sont massacrés massivement dans les geôles. Puis vinrent les raffinements dans la lutte pour l'éfficacité comme disent nos hommes d'affaires libéraux aujourd"hui, (dignes successeurs de Carrier et pour l'avénement des quels la révolution a été faîte).

Il instaura les noyades dans la Loire qu'il osa nommer 'le fleuve républicain". Deux variantes : 'Les bateaux à soupape" qui étaient coulés au milieu du fleuve afin de noyer d'un coup un grand nombre de personnes. Ce brillant esprit, appelait cela " la déportation verticale"... On voit le cynisme du personnage ! Celui-ci se confirme encore avec ce qu'il appelait le "mariage républicain" : cela consistait à attacher ensemble deux condamnés, nus, de préférence de sexe opposé et à les jeter dans le fleuve dans lequel ils se noyaient mutuellement en tentant de se débattre. De quoi réjouir les purs et durs dont se réclament nos braves socialistes d'aujourd'hui !

Il n'en demeure pas moins que plus de trente mille personnes ont péri ainsi en moins d'un an. Mais il faut aussi compter sur les épidémies et la famine qui régne dans la ville. Car le personnage ne s'en tient pas là ! Par ses taxations et ses réquisitions abusives, il ruine l'économie de la ville et tandis que les massacres se perpétuent, il organise des orgies nocturnes en en utilisant des « suspectes » de la bourgeoisie et de la noblesse nantaise.

Pour donner une idée de l'individu voici deux phrases écrites par lui ! un ordre au général Haxo : « Il vous est ordonnéd'incendier toutes les maisons des rebelles, d'en massacrer tous les habitants et d'en enlever toutes les subsistances ». Et cette autre : « J'avais écrit à Francastel à Angers, de les faire noyer en cet endroit, mais le foutu coquin n'a pas osé le faire ».

Alors, je repose ma question : si les socialistes sont les vrais héritiers de la révolution, leur place était elle à Nante ?

Je sais que des esprits chagrins me diront que c'est une bavure de l'histoire (plus de trente mille morts ? il n'en faut pas autant pour parler d'un génocide de nos jours !) que c'était un être pervers et alcoolique... sans doute, mais c'était un révolutionnaire, dùment mandaté par la Convention ! Et ce n'était pas un cas unique...

Le géneral TURREAU et ses colonnes infernales qui a décimé le département de la Vendée : on lui impute entre quarante mille et deux-cent-mille morts directes, sans tenir compte de la famine et des épidémies qui ont conduit à une baisse de population de trois cent-cinquante-mille habitants.

Un des hauts faits d'arme de ces colonnes infernales ? Vous le trouverez  tout prés du mémorial de la Vendée, aux Lucs-sur-Boulogne

Le 28 février 1794, plus de 500 femmes et enfants furent brûlés vifs dans l'église par haine de la religion catholique par les troupes du général Turreau.  

Cela ne vous rappelle rien ? Cherchez bien, la population d'un village regroupé dans une église avant qu'on y mette le feu ? Finalement, les nazzis en juin 1944 n'ont rien inventés... ils suivaient la trace des précurseurs de la révolution...

Notre France républicaine, qui parle tant de repentance à tous bouts de champs, fera-t-elle un jour une repentance pour ce génocide, dans laquelle la république est plus impliquée que dans le massacre arménien ? Il faudrait pour cela que les petits bourgeois de gauche abandonnent leurs chères images d'Epinal, celles de la révolution mère de la nouvelle religion des droits de l'homme...

Alors en conclusion, je renvoie dos à dos le nationaliste et les socialistes qui cherchent une légitimité dans une histoire édulcorée, dans laquelle on ne garde que quelques images en cachant soigneusement le reste...

O liberté, que de crimes on commet en ton nom !

Ce sont les mots qu'auraient prononcés Manon Roland sur l'échaffaud.

Et parmi tous ces crimes, le pire est sans doute le crime contre l'esprit, la malhonnêtetè intellectuelle car c'est elle qui génére tous les autres.

 Le massacre des Lucs ne justifie pas Oradour sur Glane, L'un n'excuse pas l'autre. Les noyades de Nantes ne sont pas un prétexte à ne pas condamner les exactions contre des populations quelles qu'elles soient, de la raffle du vel' d'hiv à la torture en Algérie.

Tout cela se rejoint dans l'horreur. Mais je suis las de cette société qui se veut manichéenne où les BONS sont désignés et accablés de tous les maux et dans laquelle les JUSTES s'auto-proclament au nom de principe foireux. Les répressions communistes, si longtemps niées par nos intellectuels ne sont pas moins graves que les camps nazzis et, puisque le délit d'opinion a été rétabli, je demande qu'ils soit aussi appliqué pour les nègationistes de ces camps-là !

Je ne vois pas de différence dans l'horreur, sans doute parce qu'en véritable humaniste, je ne porte pas l'homme au pinacle : j'aime mieux connaître nos faiblesses pour pouvoir tenter d'y remédier au lieu de m'enfermer dans une logique doctrinaire.

 

 

Publié dans billets d'humeur

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